ENTRE RÉPUBLIQUE ET MONARCHIE, LE CONSEIL MUNICIPAL NE SAIT PLUS SUR QUEL PIED DANSER…
Par le coup d’état du 2 décembre 1851, ratifié par le plébiscite du 20 décembre, Louis Napoléon Bonaparte est porté au pouvoir. La restauration impériale impose alors une préparation de l’opinion en faveur du neveu du Grand Empereur, avec les pressions qui s’exerceront sur les communes.
À Brindas, le Maire Jean-Marie Brun est remplacé par son successeur désigné, Claude Brun, qui prête aussitôt serment.
« Je jure obéissance à la Constitution et fidélité au Président de la République ».
Le conseil municipal de son côté rédige la motion suivante :
« Le conseil municipal de la commune de Brindas
À Monseigneur le Prince Président de la République Française
Monseigneur,
Parfaitement convaincu que, par votre énergie patriotique, marchant sur les traces du grand homme, vous avez terrassé l’hydre anarchique qui hautement, levait déjà la tête et ébranlait la société.
À votre digne dévouement, O Prince, la France et même l’Europe entière est redevable de la tranquillité dont elle jouit, et à Dieu ne plaise, que de nouvelles coalitions ne viennent en arrêter la marche.
Persuadés, O Prince, que nous ne pouvons pas trouver d’asile plus assuré, que sous votre bras protecteur, le conseil municipal de la commune de Brindas a l’honneur de vous témoigner sa bien vive reconnaissance et fait les vœux les plus ardents pour votre prospérité et celle de la patrie qui prétend vous proclamer Empereur.
Brindas, le 2 novembre 1852 »
Un an, jour pour jour, Louis Napoléon Bonaparte se proclame Empereur et le Maire de prêter à nouveau serment :
« Je jure obéissance à la constitution et fidélité à l’Empereur ».
Pour confirmer son attachement aux nouvelles institutions et écarter tout doute sur son zèle impérial, le Conseil Municipal adresse un hommage dithyrambique aux Altesses Impériales Napoléon III et Eugénie de Montijo, comtesse de Téba, dont le mariage venait d’être célébré le 30 janvier. Nous ne pouvons pas résister au plaisir de vous partager ce texte !
« Les membres du conseil municipal de la commune de Brindas, canton de Vaugneray (Rhône) réunis extraordinairement à la salle de la mairie,
À Leurs Majestés Impériales
L’Empereur et l’Impératrice des français
Sire,
L’alliance que vous venez de contracter met le comble au désir du Peuple qui a mis en votre majesté, toute la confiance dont elle est digne à tant de titres et qui ne s’est pas trompé dans le choix qu’il a triplement sanctionné. Toutes les nations contemplent avec enthousiasme le bonheur de la France, et nos cœurs, palpitant de joie ont quitté le toit de leur modeste chaumière pour prendre part à la fête qui vient d’avoir lieu dans la capitale. Que votre majesté daigne en recevoir, nos sincères sentiments d’affection.
Et vous, auguste comtesse de Téba, que vos rares qualités ont élevée à la dignité Impériale, soyez la bien-aimée du noble époux que le ciel vous a destiné et du peuple qui voit en vous une protectrice , que votre majesté, daigne aussi recevoir la vive satisfaction dont nos cœurs sont épris.
Que leurs Majestés Impériales veuillent bien agréer l’hommage de nos vœux les plus sincères pour la conservation de l’Empereur et de l’Impératrice, et pour la prospérité de l’empire français.
Brindas le 24 février 1853 »
Nous ignorons si une réponse a été donnée à cette étonnante déclaration !
Article paru dans L’Essentiel de Brindas n°94 – Juin 2023