Arrangements pré-conjugaux au XVIIIe siècle

Cette rubrique est une retranscription de l’ouvrage « Chronique Brindasienne », édité en 1984 par l’association du Vieux Brindas. Certaines des recherches proposées ici ont pu faire l’objet d’une mise-à-jour par des travaux plus récents. N’hésitez pas à compléter votre lecture par d’autres articles sur le site du Vieux Brindas.

Les deux contrats de mariage qui sont reproduits ci-dessous ont été dressés l’un en 1708 et le second en 1783. La similitude des situations exposées et des solutions adoptées à 75 ans d’intervalle met en évidence le poids des habitudes dans le milieu familial et une société restée figée durant trois quarts de siècle.

Du début du XVIIIe à la Révolution, les coutumes et les traditions de la société rurale dans les relations entre parents et enfants la conclusion des alliances la protection et la transmission du patrimoine familial les partages inégaux des successions à l’avantage de l’héritier choisi par le père sont restées « immobiles ».

1708 – Promesse de mariage

Le notaire

Pierre DEMASSO .de la FERRIERE, Chevalier, Baron de Chasselay, Seigneur de Lissieu et autres lieux, Sénéchal de LYON et de la province du Lionnois mariage qui sera solennisé en Ste Église comme est de coutume.

Les intéressés

Entre Pierre BERTICAT, laboureur de Brindas, fils de défunt Pierre BERTICAT et de Louise MICHALLON
époux à venir d’une part,
et Marie DEROZARD fille d’André DEROZARD, laboureur d’Izeron et de défunte Françoise VIRICEL épouse futur, d’autre part,
… l’époux procédant de l’ autor i té de sa mère et l’épouse de celle de son père et autant de celle de Claude DEROZARD son frère donnataire* de leurs dits père et mère.

* qui a reçu la donation

La promesse de mariage

ont fait la promesse de mariage aux conditions suivantes, promet tant de se prendre et épouser en vray et loyal mariage et è cet effet se présenter en Ntre Ste Église quand il en sera requis par l’un d’eux pour y recevoir la bénédiction nuptiale, s’il n’y a empêchement légitime.

1783 – Promesse de mariage

Le notaire

Charles DEMASSO, Chevalier, Seigneur de la FERRIERE,
Lissieu, du Plantier, Sénéchal de LYON, Commandant de la province du Lyonnois, de Forest et Beaujolois
savoir faisons :

Les intéressés

Furent présents André CHAZOTTIER, vigneron fils légitime d’Ennemond CHAZOTTIER aussi vigneron à Brindas et de défunte Fleurie CLOSELLE
époux à venir d’une part,
et Elizabeth CREITON fille légitime de Gérard CREITON habitant de Brindas et de Jeanne MILLE, épouse à venir d’autre part,
Lesquels procédant l’époux de l’autorité et consentement de son père icy présent. La future épouse de celle aussi de son père de même icy présent.

La promesse de mariage

ont promis de se prendre et épouser en vray et loyal mariage et à cet effet de se présenter à l’Eglise pour
y recevoir la bénédiction nuptiale à ‘la première réquisition de l’un d’eux.

1708 – Donation de la mère de l’époux (Passation de l’exploitation)

En faveur duquel (mariage ) s’est establye** Louise MICHALLON, laquelle de son gré a donné comme elle donne P9r ces présentes, par donation pure et simple, perpétuelle et irrévocable, faite entre vifs et à cause de nopces, dès à présent et à tous valable, aux époux cy présent acceptant et remerciant, assavoir les deux tiers parties de tous ses biens meubles et immeubles présents et advenir, se réservant l’autre tiers pour pouvoir en disposer à sa volonté ….. .
La di te donnation faite à condition que les époux et épouze avec leur famille vivront ensemble et de mesme mésnage avecq la donnatrice, sans faire aucun particulier de payer ses dettes à proportion de. la jouissance quel aura de la nourrir et entretenir sa vie durant et luy obéir comme un bon enfant est tenu de faire.

** instituée

1783 – Donation du père de l’époux (Passation de l’exploitation)

En faveur duquel mariage Ennemond CHAZOTTIER voulant se reconaitre des bons et agréables services qu’il a reçu et espère de recevoir à l’avenir du futur époux son fils, de la preuve desquels il le dispense, il luy a volontairement fait donnation pure et simple, perpétuelle et irrévocable et dès à présent vallable à cause de noces son fils acceptant cette donnation a luy faite par son père de tous et un chacun des biens, meubles immeubles, droits, noms, raisons, actions et prétentions présentes et à venir …… sous les charges et conditions qui suivent :

1°) Les futurs époux et épouse ainsi que le donateur vivront ensemble d’un même ménage et ordinaires, sans faire aucun particulier entre eux. Et supposé que par la suite il arrive une désunion ou incompatibilité entre le donateur et les futurs époux dès lors comme à présent le dit CHAZOTT1ER père se retient et réserve la moitié du revenu et usufruit de tous les biens par luy donné ainsi que la jouissance d’une chambre ayant cheminée, garni de meubles en payant néanmoins la moitié des charges courantes comme taille et servis et autres impositions royalles.

2°) Sera tenu le futur époux donnataire de payer et acquitter toutes les dettes du donnateur et les dispositions du père en faveur de ses quatre autres enfants Jean, Barthélemy, Clémence et Gabriel Chazottier, à chacun d’eux la somme de Cinq cents livres pour tenir lieu de leurs droits légitimes …… payée à chacun savoir cent livres lors de leur mariage ou ·majorité, cent livres l’année en suite et ainsi à continuer semblable payement d’année en année jusqu’au parfait acquittement de la somme capitalle de 500 livres et sans intérêts.

Enfin sera tenu le futur époux de faire inhumer son père dans le cimetière de la paroisse ou il décédera et de faire dire d’abord après son décès dans l’église de Brindas pour le repos de son âme la quantité de 30 messes moitié grandes et basses y compris dans les grandes celle du jour de son enterrement, trentain et anniversaire et 30 messes basses outre celles cy dessus qui seront di ttes dans l’église ou bon semblera à l’héritier ou donnataire.

1708 – Dotation par le père et le frère de l’épouse

Se sont ce jour estably les père et fils DEROZARD lesquels de leur gré solidairement ont constitué à l’épouse la somme de 300 livres, son habit et coffre de la valeur de 20 livres, laquelle somme de 300 livres en promettent payer sçavoir 30 livres avec les 20 livres pour son habit et coffre de la bénédiction à un an prochain et deux jours, en un an pareille somme et tous les ans ainsy sera continué d’année à autre jusqu’au parfait acquis de la di te constitution qui est faite à l’ épouze pour tous les droits et légitime qu’elle peut avoir et prétendre aux biens de ses père et mère ~ tous lesquels elle renonce ….. .
Outre la di te constitution promettent de livrer à la dite épouze dans l’an après la bénédiction deux brebia · ~t deux bichets seigJe, mesure de LYON.

Engagement des époux

Promet l’espoux d’habilier et enjoailler son épouze suffisamment selon sa condition dont il lui fait donation dès à présent de son augmente.

Fait et passé à Yzeron à l’étude au notaire royal après midy le douzième novembre 1708

1783 – Dotation par les parents de l ‘ épouse et par son frère

Et toujours en faveur du présent mariage Jeanne MILLE procédant de l’autorité de Gérard CREITON son mari, icy présent a donné et constitué en dot de mariage à sa fille la somme de 500 livres pour luy tenir lieu de tous ses droits maternels …..
les mariés CREITON et MILLE ont payé présentement, réellement et comptant en espèce de cours 200 livres aux futurs époux et épouse, toutefois au profit de cette dernière
….. la dite MILLE et son mary promettent et s’obligent, de payer les 300 livres restantes, savoir 100 livres dans deux années à compter de ce jour, 100 livres l’année en suite et l es autres 100 livres l’année après sans intérêt. Aux présentes est intervenu Jean CREITON frère de l’épouse demeurant à Brindas avec ses père et mère lequel pour récompenser sa sœur de bons et agréables services rendus dans la maison et luy prouver son amitié il luy a donné et constitué la somme de 300 livres moins un sol, laquelle il a présentement, réellement et comptant payé en espèces du cours.
Apport de l’épouse
Se constitue la future épouse de son chef particulier son garde robbe bois noyer à deux portes garni de ses nippes et hardes, linge composant son trousseau évalué et estimé le tout entre les parties après que le futur époux a dit et déclaré en avoir une parfaite connaissance de leur valleur à la somme de 148 livres dont il se charge et passe également qui t tance à sa fiancée néanmoins ycelle n’aura son effet qu’à compter du jour de la bénédiction nuptiale de ce mariage.
Fait et passé à Brindas, maison des dits mariés
CREITON et MILLE l’an 1783
et le 24 Février après midy