La retraite d’une cultivatrice de Brindas en 1834

Cette rubrique est une retranscription de l’ouvrage « Chronique Brindasienne », édité en 1982 par l’association du Vieux Brindas. Certaines des recherches proposées ici ont pu faire l’objet d’une mise-à-jour par des travaux plus récents. N’hésitez pas à compléter votre lecture par d’autres articles sur le site du Vieux Brindas.

Nous sommes le 10 mars 1834. Anne M. est veuve depuis quelques années. Elle est venue à Brindas voilà 40 ans, à la suite de son mariage en 1794 avec un cultivateur natif de Brindas. Le couple a eu 4 enfants, trois filles dont l’une est décédée et un garçon. Les 2 filles sont mariées, l’ainée à un cultivateur, la cadette à un maréchal-ferrant. Le garçon travaille avec sa mère.

Anne M. décide de se retirer et de procéder à la donation-partage et un acte notarié est rédigé à cet effet.

Les bâtiments au bourg, le pressoir et la cuve, et une grande partie des terres prés et vignes, réparties dans les lieux-dits Roulattes, les Fourches, Farlaise, Roulay, Lapra, Plaisir, Cheray, restent au garçon F. qui poursuivra l’exploitation. Comme la valeur des biens est supérieure à sa part, il aura à dédommager financièrement ses sœurs.

La pension viagère

Les conditions sont ainsi stipulées dans l’acte :

Les enfants devront payer et délivrer chaque année et par égales portions entre eux à leur mère une pension viagère de :

  • QUATRE CENTS FRANCS, en argent numéraire,
  • TREIZE DOUBLE BOISSEAUX et TIERS (DIX BICHETS) blé froment,
  • TROIS HECTOLITRES de vin
  • DOUZE KILOGRAMMES de beurre
  • NEUF KILOGRAMMES de fromage
    CINQ KILOGRAMMES d’huile de noix
  • TROIS CENTS fagots à un lien, bois chêne
  • CENT VINGT œufs
  • CINQ DOUBLE BOISSEAUX ET TIERS soit quatre bichets de pommes de terre
  • SEPT CENT CINQUANTE KILOGRAMMES (quinze quintaux) de charbon
  • CENT CINQUANTE SIX LITRES ou pots de lait.

laquelle pension sera acquittée savoir :

  • celle en numéraire en deux termes égaux les 24 Juin et 25 décembre,
  • celle en blé, vin, pommes et pommes de terre à l’époque
    de la récolte
  • le charbon au mois de septembre
  • le beurre, les fromages, l’huile, le bois, les œufs au fur et à mesure des besoins de la donatrice,
  • et le lait trois pots ou litres par semaine.

Ainsi Anne M. s’était assurée personnellement et en l’absence de toute mesure sociale à l’époque, tout ce qui était nécessaire pour ses vieux jours. C’était une forme de retraite.

On pourrait assez facilement en chiffrer le montant et faire une utile comparaison de la situation d’Anne M. en 1824 et celle de beaucoup de nos retraités.