Le Rabodage, une forme brindasienne du Charivari

Cette rubrique est une retranscription de l’ouvrage « Chronique Brindasienne », édité en 1984 par l’association du Vieux Brindas. Certaines des recherches proposées ici ont pu faire l’objet d’une mise-à-jour par des travaux plus récents. N’hésitez pas à compléter votre lecture par d’autres articles sur le site du Vieux Brindas.

Une coutume, connue sous divers noms et répandue dans la plupart des régions de France, consistait à organiser des manifestations tapageuses contre les mariages qui transgressaient les normes admises: nouveau remariage d’un veuf ou d’une veuve, homme ou femme épousant quelqu’un jugé beaucoup plus jeune, couple adultère se mariant après la mort du conjoint, mariage avec un « étranger » du village.
C’était le Charivari.

« Trace d’une vieille réprobation d’origine religieuse ? ou seulement que la jeunesse du pays est lésée par le fait que le remarié soustrait ainsi une fille ou un garçon du lot destiné au « groupe des célibataires » ? »

se demande Maurice Aguilhon dans « La République au Village » (page 59).

À Brindas, c’est une autre forme de charivari qui se pratiquait encore au début du XIXe siècle. Tous ceux qui convolaient en justes noces devaient payer tribut et la chaleur de l’accueil était à la mesure de leur plus ou moins grande générosité. C’était « Le rabodage ». Le curé de Chastelus décrit cette coutume dans une réponse à l’enquête des Vicaires Généraux de 1804 : *

Le rabodage

« II existe dans ma paroisse et celles circonvoisines un usage onéreux et troublant le repos public, connu sous le nom de rabodage. Dans tous les mariages, des jeunes viennent offrir, au sortir de l’Eglise, une légère collation aux époux. De suite la danse s’ouvre et dure, si le temps le permet, au moins deux heures, heureux si les époux en sont quittes pour 12 h ou 24 h et quelque fois plus, ce qui peut avoir des suites fâcheuses. Ne veulent-ils rien donner, ils sont injuriés, de toute manière l’argent est mangé le dimanche suivant, au cabaret avec des filles convoquées pour danser. La danse a lieu trop souvent les dimanches, ce qui dérange beaucoup la jeunesse des environs de Lyon. On court toutes les fêtes et vogues des paroisses voisines. M. le Préfet pourrait dans sa sagesse empêcher ces désordres. »

* A .A .
De Chastelus, desservant de Brindas


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