1792 : Fixation des limites du territoire de Brindas

par Gaston Bensan (1982)

Cette rubrique est une retranscription de l’ouvrage « Chronique Brindasienne », édité en 1982 par l’association du Vieux Brindas. Certaines des recherches proposées ici ont pu faire l’objet d’une mise-à-jour par des travaux plus récents. N’hésitez pas à compléter votre lecture par d’autres articles sur le site du Vieux Brindas.

Le territoire de BRINDAS, partie du plateau lyonnais située entre les petites vallées du Garon et de l’Yseron, couvre une superficie de 1128 ha.

Les communes circonvoisines (comme on disait couramment) sont VAUGNERAY, GREZIEU-LA-VARENNE, CRAPONNE, FRANCHEVILLE, CHAPONOST, SOUCIEU-EN-JARREST et MESSIMY.

Limites naturelles

L’YSERON, ou la rivière d’YSERON comme l’appelait les anciens, marquant ainsi l’importance relative de son débit, a constitué de tout temps une barrière naturelle, séparant BRINDAS de VAUGNERAY et GREZIEU. (CRAPONNE n’était alors qu’un hameau et n’a acquis le rang de commune qu’en 1836).

L’YSERON trace cette limite depuis le PONT PINAY, après qu’il ait reçu le ruisseau du DRONAU, en passant par le pont JACQUEMET, le pont CHABROL, jusqu’au confluent avec le ruisseau de Coene grossi par le Bouleau.

Le ruisseau de Chêne sépare BRINDAS de FRANCHEVILLE depuis la jonction avec l’YSERON jusqu’au Pont de Chêne sur la départementale 75 (voie antique).

Tout le Nord et le Nord-Est de la Commune est donc limité par deux cours d’eau.

Il en est de même pour une partie du Sud, Sud-Ouest de la Commune.

Le ruisseau La Chalandreze assure depuis le pont Pilon, en passant par le Pont ARTHAUD, jusqu’au confluent avec le Garon, une partie de la limite entre BRINDAS et MESSIMY, et le cours du Garon, à partir de la Chalandreze, la limite séparative de Brindas et Soucieu-en-Jarrest.

Tout l’ouest de Brindas est séparé de VAUGNERAY, depuis l’Yseron (Pont PINAY) jusqu’au lieu dit DES GRANGES, par le chemin rural n° 33. Ce chemin longe le côté Est d’un ravin profond et très souvent humide.

Limites administratives

Les territoires situés aux confins des Communes et non délimités par des obstacles naturels se trouvent dans les secteurs BRINDAS-CHAPONOST et BRINDAS-MESSIMY du Pont PILON au lieu dit DES GRANGES sur le C.R. 33.

Lorsque l’Assemblée Nationale, en Novembre 1790, institua l’impôt foncier et sa répartition au bénéfice des Collectivités dans les Communes, il devint nécessaire, pour éviter confusions et contestations, de revoir les limites des anciennes paroisses.

Nous reproduisons ci-après deux procès-verbaux (I), l’un du 10 mars 1792 entre BRINDAS et CHAPONOST et l’autre du 31 mai 1792 entre BRINDAS et MESSIMY.

Limites Brindas-Chaponost

Cejourdhui Samedi dixième mars 1792

En conséquence du décret de l’Assemblée Nationale relative à la contribution foncière, et de l’invitation faite par la Municipalité de Chaponost à celle de BRINDAS de se réunir ledit jour, au territoire appelé de Cheine dans l’angle du ruisseau de cheine qui va de midi au nord et le chemin tendant du pont de Francheville à St Simphorien le Chateau (2), lequel ruisseau divise en cet endroit la paroisse de Francheville qui demeure du côté d’orient et celle de Brindas du côté d’occident, en partant dudit ruisseau nous avons suivi ledit chemin jusqu’au pré des héritiers feu Contamine qui est au nord dudit chemin vis à vis et joignant ledit pré et une grosse roche sur laquelle y est empreint une croix, lequel chemin depuis ledit ruisseau jusqu’au dit pré va d’orient à occident déclinant au midi et divise en cet endroit la paroisse de Brindas de celle de Chaponost…

A partir de ladite grosse roche servant de limite, nous sommes parvenus jusqu’à une autre borne plantée sur le bord du chemin tendant de Chaponost à Brindas en passant par le boulot. Laquelle borne est placée sur le bord dudit chemin contre le fond du sieur DUGAI sur laquelle y est une croix gravée.

De cette dernière borne, nous nous sommes transportés sur une troisième borne placée dans les bruyères du sieur DUGAI sur laquelle y est également empreint une croix.

De cette dernière borne, nous nous sommes transportés sur une troisième à Jean-Baptiste JARICOT au territoire de Milon dans laquelle y est une borne prêt à midi d’un petit boulot sur laquelle y est également empreint une croix.

De cette dernière borne, nous nous sommes transportés dans une terre appartenant à la Vve PERRET de Meissimy au haut de laquelle et une quatrième borne sur laquelle y est empreint également deux croix,

De cette quatrième borne, nous nous sommes transportés dans une terre appartenant à Etienne VINDRY de Soussieux sur laquelle cinquième borne, non comprise la grosse roche placée près le pré du feu Sieur CONTAMINE y est aussi empreint trois croix.

De laquelle dernière borne, nous sommes venus aboutir de Garon [3] lequel ruisseau qui va d’occident à orient déclinant midy par défférents contours depuis le dernier chemin divise la paroisse de Chaponost d’avec celle de Soussieux. Ainsi arrêté et demeuré d’accord entre MM. les Maires et officiers municipaux desdites deux paroisses les susdits jour et an que-dessus et à consigner DOUBLE dans chacun d’elle ont retiré leur double ainsi signés :

BOYRIVEN, Maire
DELAREAL, Maire
CREYTON CHARRASSONT Jean CREYTON Fleury POIZAT
Jean PELLISSON
Honoré ROSSIGNOL POISAT
Etienne COMBET procureur de la Commune et MARIGNIER procureur de la Commune.

Procès verbal, 10 mars 1792

Limites Brindas-Messimy

Cejourdhui trente et unième may 1792

se sont transportés sur le territoire de la rivière du Pilon, entre Brindas-et Messimy, les deux municipalités et commissaires des deux communes, à l’effet de limiter les séparations des deux communes concernant les impositions foncières, sur ses effets sont comparus et transportés sur les lieux, savoir Jean-Baptiste BOYRIVEN Maire, Etienne BENOIST, André CHAZOTIER officiers municipaux, Jean-Baptiste COLOMB, Jacques-Joseph MARIGNIER, Jacques BRUN commissaires et Claude MARIGNIER procureur de la commune de Brindas, d’une part,

et Etienne BRUN officier municipal, Pierre SORNET, Antoine BLANC, Jean MILLE, Jean-Claude BRUN, Claude BRUN, Benoit GUILLOT et Jean-François ROUSSET procureur de la commune de Messimy, d’autre part ;

Lesquelles sont convenu depuis le ruisseau du Pilon de planter des limites ou borne, en conséquence sont d’accord que ladite rivière du Pilon servira de limite depuis le chemin de Brindas à Malataverne en suivant le lit de ladite rivière jusqu’au fond et terre chenevière dudit ROUSSET, qui demeurera entièrement à la Commune de Brindas;

de ladite terre, en droite ligne, jusqu’au chemin de Brindas à Messimy à un chêne qui est entre la terre de la Chatelaize et celle de Jean CROZIER de Messimy où l’on plantera une borne de là en allant d’orient en occident à la terre de Jean et Etienne FUCHEZ de Brindas, où était l’ancienne borne qu’on a placé au même endroit sur une marque qu’on a fait sur une pierre au territoire de Charay;

de là, toujours en droite ligne, à la terre de Jean-Antoine VINDRY de Messimy audit territoire où une roche croizée qui est une ancienne borne; de là toujours en droite ligne à une roche croizée qui est en la terre de Jacques BRUN de la Bruyère de Meissimy. Et de là à la maison de Louis FARGERE du côté de bize au lieu des Granges.

Ainsi fait et convenu réciproquement entre les députés et préposés des deux communes audit lieu des Granges dans la maison dudit Louis FARGERE à Messimy.

Et ont signé double ceux qui l’on pu faire non les autres pour ne le savoir.

Ainsi signé.
Jean-Baptiste BOYRIVEN, Maire
Etienne BENOIT, Officier
André CHAZOTIER, Officier
Jacques MARIGNIER Jacques BRUN MARIGNIER Procureur
de la Commune Etienne BRUN. Officier Jean-Claude
BRUN Benoît GUILLOT Jean MILLE Antoine BLANC
Joseph ROUSSET Syndic FUCHEZ Greffier.

Procès verbal, 31 mai 1792

Nos lecteurs pourront retrouver, sur les cartes et les plans, les parcours faits par les municipalités de l’époque pour fixer les limites séparatives.

Nous signalons qu’en allant à Chaponost, à 300m environ du Carrefour du Bouleau, sur le talus gauche, la borne croisée qui marque la limite de Chaponost est très visible.

Le tour de la Commune, en suivant les ruisseaux et en recherchant bornes et jalonnements offrirait un but de promenade intéressante, peut-être un peu difficile à faire, car hélas de nombreux chemins ont disparu ou sont couverts de ronces.

(I) Archives Municipales
(2) St Symphorien-Sur-Coise
(3) Au confluent de la Chalandrèze