Guignol et Brindas

Les plus perspicaces auront remarqué que le logo du Vieux Brindas comporte, en combinaison avec les tours de la mairie et de l’église Saint Blaise, une silhouette de Guignol. Quels sont donc les liens entre notre village et la célèbre marionnette ?

Origines

La marionnette de Guignol a été créée par Laurent Mourguet en 1808 (après celle de Gnafron, qui fut sa première création de marionnette), début d’une histoire extraordinaire car il a traversé les siècles pour parvenir jusqu’à nous, pourtant pendant longtemps sans radio, télévision, ni… internet !

Guignol est même devenu un nom commun, malheureusement avec une connotation péjorative : traiter quelqu’un de Guignol n’est pas un compliment, alors que Guignol est généreux, débrouillard, malin, lutte contre l’injustice, toujours défenseur de la veuve et de l’orphelin, gentil, fidèle en amitié, toutefois râleur (donc bien Français !), mais dans les limites du raisonnable.

Le peuple ouvrier se reconnait en Guignol, qui se fait l’écho de ses conditions de vie et utilise les mots et expressions du parler lyonnais. Il faut bien savoir que le Guignol d’origine n’est pas destiné aux enfants, c’est plutôt un chansonnier qui se moque des puissants et commente l’actualité à sa façon, drôle et corrosive.

Mais allez donc au MTG pour tout savoir !
D’ailleurs, pourquoi le MTG (Musée Théâtre Guignol) à Brindas ?

XXème siècle

Il faut remonter au tout début du XXème siècle, dans les années 1907-1908. Alors que le théâtre de Guignol est une véritable institution à Lyon, l’un des marionnettistes, Joseph Bertoud, cherche un endroit à la campagne pour se reposer, en fait une résidence secondaire. Son blanchisseur lui indique une maison à louer à Brindas, au Chazottier. Il s’y installe, invite ses amis marionnettistes qui s’y plaisent et qui s’y établissent aussi à leur tour. À tel point que l’un d’entre eux, Pierre Neichthauser, un des plus célèbres Gnafron, devient maire de Brindas de 1929 à 1940.

De nombreux visiteurs sont venus au Chazottier, notamment Edouard Herriot, friand du théâtre de Guignol, qui pourtant ne l’épargnait pas ! Son frère Ernest jouait Guignol, et leurs improvisations ont largement contribué à la renommée de Brindas et aux quolibets sur notre commune (voir quelques exemples).

Nous arrivons au début des années 1990. Jean-Guy Mourguet, né le 22/11/1929, dernier descendant marionnettiste de Laurent Mourguet, prend sa retraite et s’installe définitivement au Chazottier qu’il n’a jamais vraiment quitté et où il a passé ses enfance et adolescence. Il amène avec lui un véritable trésor de plus de 2.000 pièces : marionnettes, costumes, décors, outils, textes… qui est stocké dans un grenier. Jean-Guy est prêt à céder sa collection à la commune, sous réserve de la création d’un musée dédié.

En 1994 est créé un « Comité de Promotion du Musée Guignol » (auquel prend part le Vieux Brindas) afin de contribuer activement à cette création. En mai 1999, durant une semaine, une grande exposition de ce trésor est présentée avec grand succès à la salle des fêtes de Brindas. Les choses finissent par bouger, la commune ne pouvant seule supporter la gestion d’un musée, c’est la communauté de communes des Vallons du Lyonnais qui construit ce musée sur un terrain donné par la commune de Brindas. Le « Musée-Théâtre Guignol » est inauguré le 16 janvier 2008, juste 200 ans après la naissance de Guignol.

Étymologie

L’origine du « mot » Guignol est incertaine. L’explication qui parait la plus plausible amène à Chignolo-Po (prononcé kiniolopo), petite ville italienne de Lombardie, près de Pavie, dont était originaire un ami de L. Mourguet. À l’époque, de nombreux travailleurs italiens exerçaient leurs talents dans la soierie. À noter que très souvent, Gnafron appelle son ami « Chignol ». Cette commune fête d’ailleurs tous les ans Guignol par une grande manifestation et une place se nomme Guignol. Brindas est d’ailleurs maintenant jumelée avec Chignolo-Po.

Il existe cependant d’autres hypothèses sur l’étymologie.

Les Gones à Mourguet

Après avoir pris sa retraite à Brindas, Jean-Guy Mourguet a créé une troupe de marionnettistes, « Les Gones à Mourguet », qui a survécu à sa disparition le 8/10/2012. Tous les ans, un spectacle est donné au MTG, dans l’esprit originel du véritable théâtre de Guignol lyonnais. Gage de qualité, l’association est dirigée par Gérard Truchet, président des Amis de Lyon et de Guignol.

Le site Guignol’s Land présente une photo de Guignol dans un décor brindasien : la place du village (on reconnaît en arrière-plan la fontaine qui siégeait au centre de la place jusqu’en 2013).

Nombre des pièces du répertoire de la fameuse marionnette mentionnent en effet Brindas : Guignol y rencontre son indispensable confrère Gnafron, et c’est là aussi qu’il se fiance et se marie. Si par hasard, dans d’autres récits, il se marie à Lyon, alors c’est à Brindas qu’il fait son voyage de noces ! Le maire de Brindas lui-même, ceint de son écharpe tricolore, était un personnage des grandes heures de Guignol. Et certains se souviennent encore du départ de Guignol pour la Lune… depuis l’aérodrome de Brindas !!

Guignol’s Land

En 2018, pour fêter les 10 ans du Musée-Théâtre Guignol, le village de Brindas se livre à une expérience de street art : un artiste dissémine sur les murs des reproductions, de toutes tailles, des marionnettes les plus emblématiques de la collection. Si certaines sont très discrètes, d’autres ne passent pas inaperçues. C’est le cas en particulier de la marionnette de la Mort en personne, qui ornera pendant quelques semaines la tour de la mairie, à la surprise des Brindasiens : sur plusieurs mètres de hauteur, en plein cœur du village, impossible de la rater !

En savoir plus

À lire également : un article de Gaston Bensan, paru dans l’ouvrage Chronique Brindasienne (1984)

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