Le Péage de Malataverne

Par Marie Trotobas [1984]

Cette rubrique est une retranscription de l’ouvrage « Chronique Brindasienne », édité en 1984 par l’association du Vieux Brindas. Certaines des recherches proposées ici ont pu faire l’objet d’une mise-à-jour par des travaux plus récents. N’hésitez pas à compléter votre lecture par d’autres articles sur le site du Vieux Brindas.

Toute une légende existe à Brindas à propos de ce droit ancien perçu pour le passage des hommes, des animaux et des marchandises. (*) En vérité nous ne connaissons l’existence que d’un seul péage parvenu jusqu’à nous parce qu’il a défrayé la chronique et probablement nourri l’imaginaire : le péage situé au lieu dit  » Malataverne », Mala Taberna dans les vieux terriers.

Taberna ou Taverne est un mot ancien dont la première apparition est dans une ordonnance de 1215 règlementant les débits de boisson ou de nourriture. Nous ignorons l’emplacement exact de ce débit, mais nous savons que deux anciens chemins se croisaient au territoire de Malataverne. Le premier, le plus célèbre, le chemin antique des Ségusiaves reliait Condate à Feurs, le second une route oubliée reliait St-Étienne à Macon.

Ce croisement, en un lieu écarté, encaissé et boisé, au confluent de la Chalendrèze et du Garon, à proximité de l’actuel Pont d’Arthaud, avec un péage où il fallait obligatoirement marquer l’arrêt, était un emplacement tout désigné pour une taverne pouvant fournir le boire, le manger et le logement.
L’adjectif « mala » (mauvais) permet d’évoquer une fréquentation ou une réputation douteuse, un lieu malfamé.

Trois documents (dont deux parchemins difficiles à déchiffrer) datant de 1427, 1432 et 1433 nous apprennent que le péage de Malataverne dépendait du château d’Yzeron. Une moitié du revenu allait aux prébendiers de la Chapelle du Saint-Sépulcre, prébende fondée par Philippe de Turey, archevêque et Comte de Lyon.

  • En 1427, le nommé Jacquemet Herelli prend cette prébende à cens et pour trois années.
  • Nous ignorons tout des événements pendant les cinq ans qui suivirent.
  • En 1432, Guillaume de Saint-Romain, damoiseau , est l’auteur d’une note rédigée devant témoin , où il prétend, à la requête de l’archevêque, défendre à Jacquemet de percevoir la part de la prébende.
  • En 1433, par un mandement d’Hubert de Grolée, Sénéchal de Lyon au Sergent Royal, Guillaume de Saint-Romain accusé d’avoir usurpé la moitié du péage est menacé de poursuites.

(.) Voir page 5

Une sombre histoire d’usurpation et de détournements de fonds autour de ce péage, objet de contestations et de procès.