Les églises de Brindas

par M. Paul Pelcé, Master 1 et 2 Histoire et Archéologie médiévales

M. Paul Pelcé, archéologue, fait état de ses recherches concernant le château et le vingtain du village de Brindas.

On présente ici les trois états connus de construction de l’église de Brindas.

Ce travail a été publié dans le N°189 de la revue « l’Araire » (juin 2017). La revue est en vente à la Maison de la Presse de Brindas (Régine & Gérard CHOLLIER, 14, place de Verdun).

Sommaire

Brindas – La Place de l’église – Illustration de Joannès Drevet (1854-1940)

Un peu d’histoire

On ne peut pas étudier l’église de Brindas sans la replacer dans l’histoire locale du Lyonnais, mais nous nous limiterons aux événements et conflits qui auraient pu avoir des conséquences sur le bâtiment « église ». En supposant que l’église existait déjà au Xe siècle, il faut noter les razzias des Hongrois dans la première moitié du Xe siècle, même s’ils ont surtout sévi dans la vallée du Rhône. Les Xe-XIe siècles sont ceux de la naissance des châtellenies, la multiplication de la construction de châteaux et les rivalités entre les nouveaux seigneurs. Au XIIe siècle, le conflit entre l’archevêque et le comte du Forez pour les possessions du Lyonnais et du Forez ont abouti en 1167 à la bataille d’Yzeron, perdue par l’archevêque, mais qui se termine par le traité de 1173, qui donna le Forez au comte de Forez, et Lyon et le Lyonnais à l’archevêque de Lyon. On ne peut pas exclure des exactions pendant toute cette période. A la même époque, le sire de Beaujeu profite du conflit entre le comte du Forez et l’archevêque de Lyon pour poursuivre son expansion, menaçant ainsi les possessions dans le Lyonnais.

Les XIVe et XVe siècles sont marqués par de nombreux conflits qui opposèrent le royaume d’Angleterre au royaume de France, appelés tardivement « guerre de Cent Ans », qui dura de 1337 à 1453. Le traité de Brétigny en 1360 entre le roi d’Angleterre et le roi de France a été une catastrophe pour les villes et les campagnes de France. Les hommes d’armes laissés sur les terres de France, inoccupés, parcourent les routes de France à la recherche de butin. Appelés pour cette raison « routiers », ils pillent les régions qu’ils traversent. Une des dernières troupes à se former, « les Tard-Venus » dirigé par Seguin de Badefol, ravage le Forez avant de prendre par surprise les places fortes de Brignais à seulement quelque douze kilomètre de la ville de Lyon, qui fait appel au roi de France. L’ost de France rencontre les pillards le 6 avril 1362 et se fait battre honteusement. La conséquence est que, pendant les années de 1362 à 1367, tout le Lyonnais est sous la coupe de ces pillards, et on observe un peu partout des massacres comme dans l’église Saint-Vincent de Saint-Laurent d’Agny, qui a été incendiée. Aux mauvaises actions des Tards-Venus, il faut ajouter les menaces et violences dues à la guerre bourguignonne de 1417 à 1435, et les méfaits des Écorcheurs pendant une dizaine d’années.

Enfin, le XVIe siècle est marqué par les guerres de religion. En 1562, les protestants s’emparent de la ville de Lyon, qui devient capitale protestante pendant quatorze mois. Le baron des Adrets, à la tête d’une troupe de réformés, entre en campagne. Après un passage à Lyon, il se lance dans le Beaujolais, le Forez et s’empare de Montbrison.

L’église de Brindas a-t-elle eu  à souffrir pendant toutes ces périodes ?

L’étude de l’église de Brindas repose sur une approche historique par l’analyse de textes et de plans et une approche archéologique par l’analyse des parements intérieurs et extérieurs du cocher et par un sondage archéologique.

Vue arrière de l'église de Brindas (carte postale ancienne)
Vue arrière de l’église de Brindas (carte postale ancienne)
Vue de l’église (carte postale ancienne)

Approche historique

 Si les mentions sur l’église de Brindas existent, elles concernent essentiellement la « parroiche » et  l’« ecclesia », et son appartenance à l’Eglise de Lyon, mais jamais la construction de l’église est-ouest, sa reconstruction nord-sud, ou des réparations, en dehors de l’agrandissement de l’église nord-sud au milieu de XIXe siècle. Le manuscrit le plus ancien, celui du Dénombrement des possessions de l’Eglise de Lyon daté de  994 [1], en fait de 984, a été recopié vers 1200, avec des ajouts postérieurs à 984. On ne peut donc pas affirmer l’existence d’une église à Brindas en 984. Ce texte, « …ecclesia Sancti  Romani de Briendaco cum appenditiis… », nous donne plusieurs informations.

L’ecclesia est une église et non une chapelle comme on a pu l’écrire. Le patron de l’église de Brindas est saint Romain, alors qu’aujourd’hui le patron est saint Blaise ; un manuscrit du milieu du XIIe siècle nous indique que le patron est encore saint Romain, la première mention de saint Blaise date de 1614, selon le cahier de visite.

Selon Marcel David[2], le mot appenditia désigne le plus souvent un terrain clos de murs à l’intérieur duquel se rencontre le cimetière et les quelques bâtiments claustraux qui se serraient contre l’église, et … quelques lopins de terre qui l’entourent.

D’autres manuscrits du milieu du XIIe au XVIIIe siècle montrent la continuité de l’appartenance de l’église de Brindas à la cathédrale de Lyon.

Trois visites pastorales donnent l’état de l’église de Brindas :

La première visite[3] est faite par les visiteurs de l’archevêque Jean de Talaru, dans les années 1378-1379 ; elle nous apprend qu’une custode est perforée en deux trois endroits. Si l’église était en mauvais état ou si des travaux étaient nécessaires, on peut supposer que cette visite en aurait parlé. Or, la date de 1378-1379 est importante, car elle est proche de la présence des « Tards-venus », dans le Lyonnais de 1362 à 1367. Il semble que l’église de Brindas n’ait pas connu de destruction importante, à moins qu’en onze années les réparations aient été faites ?

La deuxième visite[4], par l’archiprêtre de Mornant, a lieu le 1er juillet 1733. Elle nous informe que l’église n’a pas de sacristie pour y enfermer les vases sacrés et ornements, et il ordonne d’en construire une. Lors de cette visite, on peut aussi supposer que l’église est en bon état.

La troisième visite, du 6 août 1744, donne des informations intéressantes sur le clocher : « …le beffroy du clocher de la dite église est en très mauvais état … ». Mais cette information ne précise pas si le beffroi est à l’est ou à l’ouest.

En 1701, le chanoine comte de Lyon autorise le percement de la muraille nord du vingtain de Brindas pour faire une grande porte d’entrée vers l’église[5]. Ce texte semble indiquer que la nouvelle église nord-sud est déjà construite

Les informations du curé Chataignier[6] nous apprennent les bénédictions de cloches, en l’honneur de saint Blaise le 28 janvier 1720 et de saint Alban le 25 septembre 1721. Pourquoi deux bénédictions à la même période ? Pour un nouveau clocher, celui d’une nouvelle église ?

Seule la notice réalisée lors de l’inscription du clocher à l’inventaire supplémentaire des bâtiments historiques, le 20 mars 1978, propose des époques de construction de l’église de Brindas :

Tour XIIIe s. rehaussée au XVe s., pourvue d’un étage de baies au XVIIe s., modifiée pour la construction de l’église au XIXe s.,

et précise :

« Il semble que la tour ait abrité le chœur de l’église au XIIIe s. Elle aurait été relevée au XVe s. pour servir de tour de guet,…  l’église doit être réparée après les guerres de religion… [7] »

Nous ne savons pas sur quelles données ces informations reposent.

projet-vs-etat-actuel
(Fig. 2) – À gauche, « Projet ». À droite, « État actuel ». (milieu XIXème s.)

Heureusement, des plans sur la construction de l‘église au milieu du XIXe siècle  nous apportent de précieuses informations. En effet, l’architecte a  dessiné l’église existante avant sa démolition, appelé « État actuel »[8] à côté de son projet. Le plan « État actuel » de la première église nord-sud semble indiquer le tracé de l’église est-ouest (Fig. 2). En effet, à l’est, on trouve le chœur à chevet plat, base de l’actuel clocher, et à l’ouest comme en symétrie, on croit voir une tour porche aux murs épais. La curiosité est la présence d’une ouverture sur le mur sud du chœur. S’agit-il d’une ancienne baie de l’église est-ouest ?

Le plan « État actuel » montre des épaisseurs des murs de la supposée tour à l’ouest plus importantes que ceux de la base du chœur à l’est. Cela veut-il dire que la tour à l’ouest avait dès sa construction un étage de cloches ?

Approche archéologique

La base du clocher

De 3m de large par 4,5m de profondeur, couverte par une voûte, est éclairée par une baie à l’est, précédée d’un large ébrasement, dont l’arc monolithe semble appartenir à  l’art roman[9] (Fig. 3).

arc-monolithe
(Fig. 3) – Arc monolithe.

L’arc à l’entrée de la pièce est-il l’ancien arc triomphal de l’église normalement orientée ? (Fig. 4)

Arc triomphal ?
(Fig. 4) – Arc triomphal ?

Tous les autres murs sont aveugles, avec deux strates de peintures murales, sous des badigeons de ciment contemporain, dont la dernière, ocre jaune, imite une construction appareillée ;  celle-ci a été datée des XV-XVIe siècles[10].

Le niveau 2 du clocher

de 4 m (N/S) x 3,7m (E/O) et de 5,8m de haut, a un sol inégal en terre battue.

Le parement sud

En partie basse, on trouve une banquette en saillie de 0,35m et de 0,70m de haut. Cette banquette appartient au mur plus épais de la base de la tour, sur lequel est bâti un mur dont le parement est chaîné sur toute la hauteur avec le parement est,  « collé » sur le parement ouest sur 3,20 m puis chaîné sur toute la hauteur.

À l’est de la banquette, on observe une baie bouchée (Fig. 5) , et on croit deviner au centre un arc de décharge (Fig. 6), les deux étant recouverts partiellement par la voûte.

(Fig. 5) – Baie bouchée

Ces deux éléments d’ouverture devaient se situer en partie supérieure du bâtiment antérieur, puis auraient été abandonnés lors de la mise en place de la voûte. On observe également deux curieuses consoles de 0,30 x 0,30 à 3,20 m, dont l’une est en saillie.

Arc de décharge
(Fig. 6) – Arc de décharge

Le parement est

En partie basse on trouve une même banquette en saillies de 0,35m et de 0,70m de haut, qui appartient aussi au mur de la base de la tour ; sur la banquette est a été posé un enduit de finition.

Le parement est chaîné avec le parement nord sur toute la hauteur.

On observe au nord, à 0,50m de la banquette, la section d’un canal (Fig. 7) dont on trouve la sortie sur le parement extérieur.

(Fig. 7 ) – Section du canal du chéneau supérieur au nord du mur est
(Fig. 7 ) – Section du canal du chéneau supérieur au nord du mur est

Le parement nord

Sur la partie basse du parement dont l’appareil est comparable à celui des deux banquettes, sont posés deux chéneaux superposés, en pente vers l’est.

Le premier chéneau en granit à 0,35m du sol forme un angle droit à l’est pour traverser le mur jusqu’à une gargouille visible sur le mur extérieur nord. Il a été abandonné au profit d’un chéneau supérieur en calcaire, distant de 0,60m du chéneau inférieur, encastré dans le parement et lié avec ce dernier par un  mortier hydraulique.

Trois trous de poutre sous chéneau supérieur suivent la pente du canal. Un morceau de poutre était encore présents dans le trou à l’ouest ; des analyses au carbone 14 donnent une datation entre 767 et 895 ap. J.-C.[11]

Morceau de poutre
Morceau de poutre daté entre 767 et 895 ap. J.-C.

Le chéneau inférieur était couvert par un massif en saillie, dont il ne subsiste qu’une petite partie à l’ouest ; la curiosité de ce massif est qu’il ne repose sur rien. Le parement au-dessus des chéneaux est collé sur le parement ouest puis chainé.

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(Fig. 8) – Chéneau supérieur en calcaire

Le parement ouest

En partie basse, on observe deux assises en saillie sur lesquelles est bâti le parement dont la dimension des moellons et ses assises moins soignées montrent qu’il est très différent de celui des parement sud, est et nord.

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(Fig. 12) – Il existe une ouverture bouchée de 2,30 x 0,60 m au nord à 2,80 m du sol.

Le niveau 3 du clocher

A la base des parements sud et est, on trouve deux assises en saillies qui appartiennent aux parements du niveau 2, sur lesquels sont bâtis les murs du niveau 3.

Sur le parement sud, on croit voir deux merlons séparés par un créneau, mais le parement plus à l’ouest, en partie caché derrière l’échelle, ne laisse apparaître aucune marque d’ouverture.

Sur le parement est, il n’y a qu’un seul coup de sabre au sud formant un éventuel merlon dans l’angle sud-est. Au nord du parement est, nous avons relevé un espace irrégulier qui a été bouché.

merlons-creneaux
(Fig. 13) – Merlons et créneaux ?

Nous n’avons pas étudié le niveau 3, celui de l’étage des cloches.

Les parements extérieurs nord, est, et sud

Seul le parement nord est visible sur toute sa hauteur. À sa base, on observe un remplissage chaotique, qui laisse penser qu’il y a eu plusieurs états de construction.

A 2,65 m de la base, on trouve la gargouille, dont le canal vient du mur intérieur.

Gargouille
(Fig. 14) – Une gargouille sur le mur extérieur nord recevait l’eau du chéneau intérieur

Le parement nord est chaîné avec le pilier ouest sur une hauteur de 3,40 m, puis celui-ci est collé sur le parement.

La partie basse du parement est n’est pas visible, car cachée par un bâtiment contemporain.

En partie basse, on remarque des pierres non assisées autour de la baie formée par un arc brisé monolithe ; cela laisse penser qu’elle a été mise en place après la construction du mur.

On observe à 2,60 m de la terrasse du bâtiment la sortie bouchée du canal du mur intérieur, sous laquelle se situe une pierre en saillie.

Enfin, un coup de sabre est visible côté sud à 8,50 m de la base sur 0,55 m de hauteur, et deux autres coups de sabre sont visibles côté nord à 8,65 sur 0,50 m de hauteur.

Coups de sabre
(Fig. 15) – Deux « coups de sabre »[15] sont visibles sur la face sud du clocher

Ces trois coups de sabre sont en correspondance avec le coup de sabre et l’espace bouché sur le parement intérieur est.

On remarque sur le parement sud deux coups de sabre correspondant à ceux du parement intérieur, et à l’est un changement d’appareils de la chaîne d’angle au-dessus du chaînage, qui montre un nouvel état de l’édifice.

L’arc boutant, à l’angle sud-est du clocher, réserve bien des surprises.

L’arc-boutant est surmonté d’assises profondément chaînées avec le parement est du clocher, en formant un angle aigu, léger mais réel.

On observe un chanfrein sur l’intrados de l’arc côté chapelle de la Vierge, des arrachements de pierres formant une verticalité, ainsi qu’un piédroit et un gond en fer que l’on retrouve en partie basse dans un réduit, qui indiquent la présence d’une porte au sud.

Nous avons découvert une monnaie « collée » avec un peu de terre contre une pierre au-dessus des fondations. Il s’agit d’un liard d’Henri II de Montpensier, daté entre 1595 et 1608. La monnaie a été trouvée contre une pierre au-dessus des fondations, dans le remblai ultérieur à la construction de l’arc-boutant ; a-t-elle été perdue lors de la construction de l’arc-boutant ou de la mise en place du remblai ?

Monnaie
Monnaie : liard d’Henri II de Montpensier, daté entre 1595 et 1608

L’espace formé par l’arc-boutant servait-il de porte d’entrée ?

arc-ancrage-parement
(Fig. 16) – L’arc est profondément ancré avec le parement est du clocher.
Un piédroit support de linteau avec le parement est du clocher
(Fig. 17) – Un piédroit support de linteau avec le parement est du clocher
Arc boutant du clocher, qui montre un arrachement
(Fig. 18) – On observe un arrachement.
(Fig. 19) – Base de l’arc-boutant sous la terrasse de pierres bien alignées

Synthèse de l’étude du bâti

L’analyse du niveau 2 montre l’existence d’un premier édifice aux murs épais (0,70 – 0,80 m) d’une hauteur minimum de 5 m environ ; sans doute charpenté, il avait au moins une baie au sud.

La base du parement nord étant chaînée sur une hauteur de 3,50 m avec le pilier massif, on en déduit que le premier édifice était associé à un bâtiment, qui devrait être la nef. Cela démontre que nous avons là le chœur à chevet plat de l’église normalement orientée. A une date inconnue, on surélève le chœur d’une tour et on construit un premier chéneau, à moins que cela ne soit l’inverse.

Les murs sud, est et ouest de cette tour sont bâtis sur les murs du premier édifice ; leur appareil homogène semble indiquer qu’ils ont été bâtis en même temps. Les parements sud et nord « collés » sur le parement ouest sur 3,20 m montrent que la construction du mur ouest est antérieure, lui-même bâti sur une construction plus ancienne. La présence au nord d’un chéneau amène à imaginer une toiture sud-nord d’un seul pan.

Il existe des chéneaux à l’intérieur des murs, comme la  Tour des Fromages à Cluny (71), et château des Adhémar à Montélimar (26), mais dans ces deux exemples, la présence de l’ancienne toiture est visible sur les parements des murs.

Sur les parements intérieurs sud, est et ouest du clocher de Brindas, il n’y a aucun vestige d’éléments structurants, de trace de solin et d’enduits d’étanchéité. Il y a bien deux supports sur le mur sud, mais s’ils avaient servi de base à une toiture à tuile canal, la pente aurait été beaucoup trop importante.

La seule hypothèse que nous présentons avec beaucoup de précaution est une charpente avec ferme qui reposait sur les banquettes. L’étanchéité par les solins ayant utilisé des matériaux souples comme de l’argile. Dans un deuxième temps on condamne le chéneau inférieur pour le remplacer par un nouveau.

Quelle était la fonction des trois poutres sous le chéneau supérieur ? Supporter une toiture ? Le morceau de poutre, daté des VIIIe – IXe siècles, est-il un remploi de la charpente du supposé premier édifice ? Pourquoi trouve-t-on des chéneaux sur le parement intérieur ?

Nous n’avons aucune réponse à ces interrogations.

Nous proposons pour l’ouverture à l’ouest la fonction d’accès de la nef au clocher de la première église nord-sud.

Au niveau 3, on devine des éléments constitués de créneaux et merlons, au moins dans le mur sud. La partie haute de la tour des cloches a-t-elle été une tour de surveillance et de défense avec des créneaux et des merlons ?

La  tour de plus de 11,3 m présente une faible épaisseur (0,50- 55 m) ; cela explique peut-être la mise en place d’un arc-boutant. La liaison chaînée de l’arc-boutant avec l’angle sud-est du clocher est problématique, car l’appareil de ce dernier ne correspond pas à celui de l’arc. On peut seulement  supposer qu’il correspond au deuxième état du clocher, mais nous n’avons pas d’explication rationnelle. L’arc-boutant était-il présent avant la construction de la tour ? La présence d’une ancienne porte vers le sud, d’un passage sous l’arc-boutant, laisse penser qu’il était en lien avec le château.

Conclusion

Les éléments en notre possession démontrent que le premier édifice est une église paroissiale. S’il pouvait y avoir une église avant 984, elle existe et appartient au plus tard à l’Église de Lyon mi XIIe siècle.

Avec un chœur à chevet plat normalement orienté et une nef unique, on suppose l’existence d’une tour porche à l’ouest.

Dans l’état actuel des connaissances, la construction de la première église nord-sud peut se faire aux XVIe ou XVIIe siècles

Mais son chœur au mur épais se fait-il dans une ancienne demi-tour ronde appartenant à l’enceinte, ou est-il bâti avec des murs épais pour servir de défense ? Faut-il alors en déduire que sa construction est du XVe siècle ?…

La tour sur le chœur à l’est, avec ses deux chéneaux et son curieux arc-boutant au sud-est n’a pas livré tous ses secrets et reste une énigme à ce jour.

Le clocher de Brindas avec ses deux chéneaux intérieurs est-il un unicum ?

Annexe : sources

[1] ADR – 10 G1879.

[2] David, Marcel, Le patrimoine foncier de l’Eglise de Lyon de 984 à 1267, thèse, Lyon, 1942.

[3] Merle ; abbé, Visite pastorale du diocèse de Lyon, 1378-1379, Bulletin de la Diana, tome 26, Montbrison, 1938, p. 271.

[4] ADR – 28 G 62.

[5] Le Vieux Brindas, Chroniques Brindasiennes 1982, p. 8. Texte d’origine non retrouvé.

[6] Curé de Brindas d’août 1979 à décembre 1986

[7]  Notice manuscrite T 0172 MC/RV du 12 février 1973.

[8] L’original nous a été prêté par M. Paul Feuga, descendant de l’architecte.

[9] Selon Jean-François Reynaud.

[10] Selon Laurence Blondaux spécialisée en peintures murales (Antully 71).

[11] Centre de datation par le Radiocarbone, Ly-17003.